Alors que l’on s’apprête à honorer les défunts, à l’approche de la Toussaint et du Jour des morts, la coopérative funéraire La Batelière a proposé, pour cette occasion, une balade contée au cimetière de Jarville-la-Malgrange. Un événement original et familial pour s’approprier un lieu de mémoire, à travers des histoires, contes et chansons qui évoquent la mort.
Toussaint et Jour des morts, (re)découvrir nos célébrations pour les défunts
Pour commencer, la Toussaint est une fête catholique célébrée le 1er novembre. Elle rend hommage, comme son nom l’indique, à tous.tes les Saint.e.s. Elle est suivie par le Jour des morts, le 2 novembre. Il faut savoir que c’est à l’Abbaye de Cluny que l’on doit cette célébration religieuse catholique depuis le XIe siècle. Le but était d’honorer les défunts lors d’une cérémonie collective.
Aujourd’hui, la tradition veut que les familles de se rendent au cimetière afin de se recueillir, de fleurir les sépultures et d’honorer leurs proches. Même s’il est d’usage de considérer la Toussaint comme étant la fête des morts, ce sont bien deux célébrations différentes.
Alors que parler de la mort reste difficile, tant le sujet est tabou, la balade contée est une façon originale de l’aborder tout en investissant un lieu de mémoire et de souvenir.
Et Halloween alors ?
La fête d’Halloween est principalement connue pour les chasses aux bonbons, les déguisements et les citrouilles effrayantes. Pourtant, elle trouve son origine dans la culture celte, et cela bien avant sa commercialisation de masse !
Il faut savoir que dans la mythologie celte, l’année est composée de deux saisons : la saison claire et la saison sombre. Le dernier jour de l’année (le calendrier celte se terminait le 31 octobre), on fêtait Samain, le dieu de la mort. Cette célébration marquait le passage à la saison sombre. C’était une nuit de transition, et l’occasion de relier le monde des morts et le monde des vivants. Il était coutume d’illuminer les chemins de lanternes et de laisser les portes des maisons ouvertes afin d’inviter les défunts à rejoindre les vivants le temps d’une nuit.
La balade contée, parler de la mort au fil du chemin
La coopérative funéraire La Batelière a proposé, le temps d’une balade contée pour petits et grands, de (re)découvrir le cimetière de Jarville-la-Malgrange tout en abordant la mort. Le principe est simple, au fil du chemin, le public est invité à suivre une histoire, un conte, une légende ou encore à écouter de la musique autour de thèmes comme la mort, l’absence, la séparation…
La balade contée à travers 5 textes proposés par La Batelière
Voici 5 textes, à lire ou à écouter, proposés par La Batelière lors de cette balade contée.
1. « Il faut le dire aux abeilles », Sylvie NEEMAN (photographies de Nicolette HUMBERT)
Avec poésie et tendresse, Sylvie NEEMAN aborde la mort, la peine et le manque des abeilles lorsqu’un apiculteur meurt.
« Quand un apiculteur meurt, il faut le dire aux abeilles. Si on ne leur dit rien, elles ne comprennent pas ce qui se passe, pourquoi il ne vient plus les voir. Elles volent dans tous les sens, elles sont perdues, énervées aussi. Parfois même elles s’en vont, elles partent au loin, toutes ensembles ; un matin la ruche est vide et on ne sait pas pourquoi. »
« Quand un apiculteur meurt, il faut aller le dire à ses abeilles, elles ont le droit de le savoir ; inutile de leur raconter qu’il est parti pour un long voyage ; inutile de faire semblant que c’est une bonne nouvelle ; inutile de prétendre qu’il est au ciel et s’amuse avec les anges. On ne sait pas. Ça, on peut le dire. On peut dire aux abeilles qu’on ne sait pas. »
« On peut aussi leur dire qu’on est triste, qu’on pense à lui tout le temps et qu’il nous manque. Et puis qu’on ne sait pas quoi faire de soi, dans la maison qui semble vide même si elle ne l’est pas. On ne sait pas quoi faire de ses mains, de ses mots, on ne sait plus où poser tout ça, à quoi ou à qui ça peut encore servir si ce n’est plus à lui. C’est comme si on avait perdu le mode d’emploi. »
2. « La mort et le bûcheron », fable de Jean de LA FONTAINE
Une fable à travers laquelle Jean de La Fontaine évoque le rapport complexe de l’Homme et de la mort.
Un pauvre Bûcheron, tout couvert de ramée,
Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
Gémissant et courbé, marchait à pas pesants,
Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée.
Enfin, n’en pouvant plus d’effort et de douleur,
Il met bas son fagot, il songe à son malheur,
Quel plaisir a-t-il eu depuis qu’il est au monde ?
En est-il un plus pauvre en la machine ronde ?
Point de pain quelquefois, et jamais de repos.
Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts,
Le créancier et la corvée
Lui font d’un malheureux la peinture achevée.Il appelle la Mort. Elle vient sans tarder,
Lui demander ce qu’il faut faire.
« C’est, dit-il, afin de m’aider
À recharger ce bois ; tu ne tarderas guère. »Le trépas vient tout guérir ;
Mais ne bougeons d’où nous sommes :
Plutôt souffrir que mourir,
C’est la devise des hommes.
3. « Au revoir Blaireau », Susan VARLEY
Susan VARLEY aborde des sujets comme la mort, l’absence et les émotions ressenties lors de la perte d’un être aimé. Petit à petit, alors que les amis de Blaireau se souviennent des moments partagés, la tristesse va progressivement laisser place à la gratitude de leur histoire commune. Un texte parfait pour les plus petits lors de la balade contée.
« Blaireau était un ami sûr, toujours prêt à rendre service. Très vieux, il connaissait presque tout de la vie et savait aussi qu’il devait mourir bientôt. Blaireau n’avait pas peur de la mort. Pour lui, mourir, c’était simplement quitter son corps. Cela ne l’inquiétait guère, car son corps ne fonctionnait plus aussi bien que dans sa jeunesse. Une seule chose le tourmentait : la peine qu’éprouveraient ses amis. Pour les préparer, Blaireau leur avait dit que, bientôt, il descendrait dans le Grand Tunnel et il espérait qu’ils n’auraient pas trop de chagrin. »
4. « Nos absents », Grand Corps Malade
La balade contée est aussi l’occasion d’écouter des artistes parler de la perte d’un proche. C’est le cas avec la chanson « Nos absents » de Grand Corps Malade.
« Nos absents sont toujours là, à l’esprit, dans nos souvenirs
Sur ce film de vacances, sur ces photos pleines de sourires
Nos absents nous entourent et resteront à nos côtés
Ils reprennent vie dans nos rêves, comme si de rien n’était »
5. « La fille du fossoyeur », Alexis HK
La balade contée fut le moment de partager « La fille du fossoyeur », d’Alexis HK. L’artiste offre une comptine avec rythme, jolis mots et humour pour évoquer la mort.
« Aujourd’hui, je repose auprès de ma belle
Et à la place de vos plates petites amourettes
Je connais le grand, le vrai, l’amour éternel
Comme Roméo et squelette »